26/01/2012

Le syndicalisme et les défis auxquels il est aujourd’hui confronté.

Le syndicalisme et les défis auxquels il est aujourd’hui confronté.

Une réaction d’Alain Van Praet
 

Le texte de la LCR est un texte important parce qu’il constitue une invitation à un débat stratégique sur le syndicalisme et les défis auxquels il est aujourd’hui confronté.

Il ne s’agit pas d’une discussion académique, car derrière les arguments que les uns et les autres pourront échanger sur ce blog, se cache une réalité, celle d’un mouvement syndical en difficulté et sur la défensive, désorienté par l’abandon de ses appuis politiques traditionnels, qui a perdu beaucoup de ses repères idéologiques et qui se retrouve orphelin d’une perspective « alternative » claire.

Confrontés à une offensive de grande ampleur orchestrée par les possédants et un personnel politique à leur service, les syndicats jouent leur avenir en tant qu’ « organisations crées par les salariés pour défendre leurs intérêts collectifs », des organisations suffisamment représentatives et fortes pour encore peser sur le cours de la lutte des classes. De nouveaux revers de grande ampleur dans les prochains mois pourraient sans conteste conduire à leur marginalisation, et affaiblir ainsi toutes celles et tous ceux qui subissent de plein fouet la crise du capitalisme.
Naturellement, tout ceci nécessiterait de longs développements, et la mobilisation pour la grève générale de ce lundi ne nous en donne pas le loisir. Je me contenterai d’énumérer, en style télégraphique, quelques pistes.

Comment redynamiser le syndicalisme, lui redonner des perspectives mobilisatrices, recréer un rapport de forces indispensable pour de nouveaux succès ?

  1. Se réapproprier (se remémorer + actualiser) les meilleures traditions du mouvement ouvrier en termes programmatiques et de combativité.
  2. Bousculer la « culture syndicale » aujourd’hui hégémonique. Renoncer à la « culture du renoncement », se débarrasser de la « culture de la résignation » face aux politiques rétro-libérales. Renouer avec une « culture de la contestation » (luttes) et de « l’affirmation » ( de ses valeurs et de ses revendications programmatiques, pour « changer le monde et changer la vie ») ;
  3. Abandonner le profil bas et le fatalisme actuels adoptés par les dirigeants syndicaux, au nom d’un réalisme bien irréaliste, un « réalisme qui gifle à la volée les réalistes » (pour reprendre le jolie formule du philosophe Daniel Bensaid), comme le démontrent les échecs et les reculs subis depuis 30 ans !
  4. Construire de meilleurs rapports de forces, ce qui passe par la mobilisation et la confrontation, dans l’unité la plus large des travailleurs. Il ne s’agit pas de « négocier chaque fois que c’est possible et de lutter quand c’est nécessaire », il s’agit de lutter chaque fois que c’est indispensable et de négocier une fois les conditions réunies pour imposer nos solutions de rechange !
  5. Modifier le mode de fonctionnement interne des syndicats. Pour un syndicalisme démocratique par « en –bas », favorisant un réel contrôle des organisations syndicales par leur membres, condition indispensable pour leur redonner confiance dans l’action collective, et pour restaurer ainsi la crédibilité et de l’efficacité syndicales.
  6. Préserver l’indépendance des organisations syndicales, par rapport aux différents pouvoirs, économique et politique.
  7. Renforcer le caractère internationaliste du mouvement syndical. La construction (libérale) de l’UE, la globalisation du mode de production et de consommation capitaliste, le caractère transnational de la « domination des dominants » mondialisent les enjeux et les combats. Les solidarités et les batailles communes par delà les frontières sont incontournables.
  8. Défendre un programme fort : la réduction généralisée du temps de travail pour relancer l’emploi (travailler moins, travailler tous) et ainsi garantir un job de qualité à chacune et à chacun ; un redéploiement des politiques fiscales pour éradiquer les inégalités ; aller chercher l’argent là où il se trouve pour aller là où il doit aller (refinancement des services publics, emploi, Sécurité sociale, …) ; remise en cause de la propriété capitaliste, notamment socialisation du secteur bancaire grand responsable de la situation actuelle ; dénonciation et annulation des dettes illégitimes ; etc.
  9. Résoudre la question du « relais politique » sans renoncer à l’autonomie du mouvement syndical.
Je reviendrai plus tard, de manière plus argumentée, sur ces considérations rapides.
 

Alain Van Praet

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