26/04/2012

« Il faut un plan de riposte face aux offensives du gouvernement Di Rupo »


  • La Belgique n'échappe pas aux mesures d'austérité imposées partout en Europe. Face à ces attaques, resurgissent les questions de la contre-offensive sociale mais surtout de l'unité à gauche. C'est à sujet que nous avons rencontré Nico Cué, secrétaire général des Métallos Wallonie-Bruxelles (FGTB).
Propos recueillis par Sébastien Brulez

Après la grève de fin janvier et les négociations qui l'ont suivie, certains estiment qu'on a fait que modifier quelques virgules mais qu'on ne peut pas vraiment parler de victoire.  

D'abord il y a cette expression: « On a évité le pire ». Mais le pire est toujours présent puisqu'il y aura encore un contrôle budgétaire en juin, et que la situation économique n'arrête pas de se dégrader. Ensuite il y a le budget 2013, n'oublions pas qu'il y a un engagement avec l'Europe et qu'ils devront encore aller chercher 10 à 12 milliards d'euros.
Le danger c'est que les politiques d'austérité s'installent dans nos esprits et qu'au bout d'un an ou deux on considère qu'elles sont normales. Il faut continuer à contester radicalement et rappeler que les mesures qui sont prises aujourd'hui, même si on les a améliorées, sont indécentes.
Il faut que l'organisation syndicale ait un plan de riposte qui s'inscrive dans la durée et qui permette de réagir à la hauteur des offensives du gouvernement Di Rupo.
Qu'est-ce qui pourrait déclencher un tel mouvement?
Il y a plein d'éléments qui sont encore dans les cartons du gouvernement et qui risquent de déclencher une forte mobilisation. Il faut donc rester vigilants. Dès qu'on sent qu'il y a une mesure ou l'autre, il faut sortir le plan d'action avec l'ensemble de la FGTB (et en front commun si possible) pour résister.

Quelle est votre position aujourd'hui par rapport au Parti socialiste, le considérez-vous encore comme un relais pour les travailleurs?
Le PS est au pouvoir, et en tant que syndicalistes quand on a un problème avec les entreprises on doit aller discuter avec le pouvoir qui est en place. Mais on a l'impression qu'ils sont de plus en plus sourds à nos sollicitations. En plus de cela (et ils doivent être clairs là-dessus), on ne peut pas continuer sur les politiques d'austérité telles qu'elles sont, parce qu'il n'y aura pas de différence entre socialistes et libéraux.
Si la majorité des travailleurs en Wallonie ont voté pour un parti socialiste, et en sanctionnant le MR plus particulièrement, on se retrouve aujourd'hui avec un gouvernement qui a un programme MR au carré. C'est une trahison par rapport à l'ensemble des travailleurs qui ont encore voté socialiste aux dernières élections. C'est inacceptable et je trouve qu'il est normal de leur dire que c'est inacceptable.
Que vont-ils faire? Appliquer la règle d'or et donc changer carrément de régime et donner tout le pouvoir à la finance? Ou bien vont-ils réagir? Ce sera un débat qu'ils auront en tant que socialistes. Mais nous, en tant que syndicalistes, on doit leur dire ce qui n'est pas correct et nous continuerons à leur dire systématiquement. Le PS doit être en rupture avec tout ça. 

Nico Cué - congrès MWB
Pensez-vous que le monde du travail peut encore attendre une quelconque rupture de la social-démocratie? Est-ce qu'il ne doit prendre en main lui-même l'alternative?
En tout cas, d'un côté on doit continuer à dénoncer. Et en même temps, s'il n'y a pas d'écoute, je pense qu'il faudra à un moment donné s'attendre à ce que le monde du travail se détourne. Le problème pour nous c'est d'avoir une alternative suffisamment rapide pour qu'il ne se détourne pas vers l'extrême droite, parce que c'est là que se trouve le danger. Tout le danger c'est la non crédibilité, le fait d'avoir sali le mot « socialiste ». On doit être extrêmement attentifs. Et à un moment donné, s'ils continuent sur le même chemin, peut-être nous aussi voir comment on s'interroge sur une alternative autre que le Parti socialiste.

Y a-t-il déjà des gens qui y réfléchissent dans le secteur des métallos? Ou qui réfléchissent à un plan alternatif par lequel le syndicalisme pourrait lui-même avancer?
Du point de vue industriel on a déjà commencé à réfléchir, au niveau européen, à un plan de relance. Il y a des débats et des discussions qui se mènent là-dessus.
Au niveau politique, dans les années 90 nous étions à l'initiative de la création de « Gauches Unies », après le Plan global. Nous avons donc déjà eu une expérience comme celle-là, une expérience qui pour nous n'a pas été positive parce qu'elle portait beaucoup de lourdeurs à l'époque. Aujourd'hui on est dans une situation économique, sociale et politique qui est totalement différente du Plan global. On est dans une transformation de régime et le PS doit le savoir: ou il devient le laquais de la grande finance ou il reste avec nous. Dans le premier cas on devra se passer de lui. Et au niveau des métallos, oui, il y a toute une série de réflexions qui se font en termes de vision pour le futur.

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