Pour une résistance sociale sans concessions à l'austérité
Pour une alternative politique au social-libéralisme
Camarades,
Le monde du travail est soumis à rude
épreuve et c'est de mal en pis. La crise s'installe durablement en
Europe et pèse sur les rapports de forces entre le patronat et le monde
du travail.Thatcher a passé l'arme à gauche et les théories
néolibérales perdent du terrain. Mais elles prennent de plus en plus la
forme d'un dogme au service des 1% les plus riches de la société. Le
capitalisme néolibéral est toujours debout, car les travailleurs sont
contraints de lutter entreprise par entreprise, secteur par secteur,
pays par pays. Cela crée un sentiment d'impuissance. Alors que nous
aurions besoin d'un contre-projet social pour convaincre de larges
couches de la population : une société avec une égalité sociale et des
droits démocratiques pour tous et pour toutes, avec la sauvegarde
de la nature.
Le « moindre mal » ne fait pas notre affaire
La gauche social-libérale (le PS et le
sp.a) quand ils ne reprennent pas entièrement la propagande médiatique
des « experts » sur « la crise, la dette, la compétitivité et le
vieillissement », nous resservent la même rengaine: « C'est la faute à
l'Union européenne, à la N-VA, aux libéraux ! ». Pour ajouter: « Sans
nous, ce serait pire ! ».
Vraiment ? En Grèce, en Espagne et au
Portugal ce sont les partis-frères du PS et du sp.a qui ont amorcé le
tournant vers le tsunami de l'austérité. Ils ont tout simplement fait le
boulot de la droite. En France, le PS est seul au pouvoir. Mis à part
le droit au mariage pour tous, rien ne distingue la politique du PS
français de celle de Sarkozy : guerre au Mali, CRS contre grévistes chez
PSA, police dans les banlieues. Au niveau européen, rien ne différencie
la politique du PS de celle de la droite. Tous votent de la même
manière les mêmes traités d'austérité. Rappelons-nous la fin des années
1990, quand les partis socialistes étaient majoritaires dans 13
gouvernements sur 15 en Europe : ça n'a en rien freiné la frénésie
libérale de l'Union européenne créée par et pour la bourgeoisie. Paul
Magnette et Bruno Tobback ne trompent quasiment personne avec leur
énième ravalement de façade du PS et du sp.a. Qu'ils arrêtent de nous
ressortir ces vieux tours de passe-passe ! Cela ne prend plus !
En Europe, les patrons ont décidé de
profiter de la crise capitaliste pour nous ramener loin en arrière sur
le plan social : privatisations des services publics, dérégulation des
lois sociales, blocage des salaires, attaques sur les soins de santé,
sur les pensions, sur les allocations de chômage, etc. Une stratégie qui
a d'abord été testée sur la population de l'Europe du Sud et de l'Est,
destinée à devenir pour le Nord de l'Europe (surtout pour l'Allemagne)
ce qu'est le Mexique pour les USA. Une fois que la population de
l'Europe du Sud et de l'Est de l'Europe sera entièrement plongée dans la
misère, celle des autres pays (comme la Belgique) sera vouée à subir le
même sort, probablement avec un rythme un peu plus lent.
Résistance sociale
Il faut résister à ce rouleau
compresseur qui broie les conquêtes sociales arrachées par nos anciens
Le monde du travail et le mouvement syndical sont dans le collimateur.
Dans le camp d'en face, on ne « chôme » pas. pour préparer des nouvelles
contre-réformes. Chez nous, le gouvernement Di Rupo et les
gouvernements régionaux (auxquels participent les verts à Bruxelles et
en Wallonie) multiplient les mauvais coups: 23 milliards de coupes
budgétaires, baisse des salaires réels de 0,4 % et gel des salaires
pour au moins 6 ans, 5.000 pertes d’emplois dans la fonction publique,
coupes sombres à la Poste et à la SNCB, démantèlement des prépensions
et abaissement du montant réel des pensions, limitation dans le temps
des allocations de chômage par leur abaissement radical sous le seuil de
pauvreté, gel des dépenses de soins de santé, hausse des tarifs dans
les transports publics et suppression de lignes, restrictions
budgétaires dans les communes et les CPAS... On ne compte plus les
fermetures dans l'industrie (ArcelorMittal, Ford-Genk, Duferco) et les
pertes massives d'emplois (Caterpillar). Dans le secteur tertiaire, les
employés des banques et du commerce ne sont pas épargnés. Et ce n'est
qu'un début, si on ne les arrête pas.
D'autre part, des partis comme l'Open
VLD et la N-VA se déchaînent dans la presse et à la télé pour remettre
en question le paiement des allocations de chômage par les syndicats, Si
une telle menace était mise en application elle affaiblirait
considérablement les syndicats qui perdraient sans doute des dizaines
de milliers d'affiliés qui seront victimes de la réforme des nouvelles
règles d'indemnisation des chômeurs contre lesquelles les syndicats,
dans leur ensemble, ne se sont pas suffisamment battus. Mais il y a
aussi eu les attaques du sp.a contre le droit de grève dans les
transports publics, celles de la N-VA contre le mouvement ouvrier
chrétien flamand (ACW) et les insultes de Di Rupo contre des
syndicalistes CGSP : "Vous conduisez les citoyens vers l'abîme".
Partout en Europe, les conventions
collectives de secteur et les contrats à durée indéterminée sont remises
en cause: en Grèce, en Italie, mais aussi en France, en Belgique avec
l'acceptation par les syndicats d''avoir recours au travail intérimaire
pour remplacer la période d'essai légale d'un contrat de travail, Les
budgets des États membres de l'Union européenne sont maintenant soumis à
la Commission avant d’être discutés par les parlements nationaux.
La classe dominante voudrait que les
syndicats se réduisent à des organismes de services individuels aux
affiliés et se limitent à organiser de temps en temps une journée
d'action sans lendemain pour fatiguer les militants les plus combatifs,
faire baisser la tension sociale et finir par négocier un mauvais
compromis qui avalise de nouveaux reculs sociaux. La norme salariale
imposée par le gouvernement risque d'être assortie de sanctions contre
les employeurs qui signeraient des conventions de secteur et
d'entreprise plus favorables aux travailleurs. Pourquoi le gouvernement
et les patrons se gêneraient-ils quand ils ont en face d'eux des
directions syndicales effrayées par la perspective d'engager une lutte
acharnée ?
Pour un syndicalisme combatif et démocratique
Toutes ces attaques patronales ne
seraient pas possible si les organisations syndicales avaient un vrai
plan de bataille. L'incurie bureaucratique de certaines directions
syndicales, voire la complicité de certains dirigeants (FGTB ou CSC)
qui démobilisent les militants par des promenades syndicales entre la
gare du Nord et celle du Midi sans revendications concrètes, sans plan
de bataille et sans lendemain conduit à la démobilisation, à la
résignation et à la défaite. Les directions syndicales viennent
d'accepter la hausse des heures supplémentaires et de nouvelles baisses
de cotisations patronales à la sécurité sociale pour un montant de 270
millions. Alors que les dividendes des entreprises du BEL20 sont en
hausse de 10% en 2012 et atteignent près de 7 milliards!
Pour Anne Demelenne et Rudy De Leeuw
(FGTB-ABVV), pour Claude Rolin et Marc Leemans (CSC-ACV), le rôle des
syndicats dans la période actuelle consiste à accompagner les
contre-réformes néolibérales, de sauver quelques miettes et de présenter
ces reculs, inconcevables encore il y a 10 ans, comme des victoires !
Et avec en primes les félicitations adressées au PS ! Pis encore, le
président de l'aile flamande des métallos FGTB (ABVV-Metaal) assume
publiquement qu'il ne sert à rien de mobiliser parce qu'il ne veut pas
faire tomber le gouvernement et il prône le sabotage des actions
décidées par l'ensemble de la FGTB ! Au sein de la FGTB il est de plus
en plus question de divisions :entre centrales (entre les centrales
ouvrières et le SETCa, entre centrales du privé et la CGSP) et de
discours à relents communautaires. Alors que la solidarité
interprofessionnelle, entre travailleurs flamands, bruxellois et wallons
est plus indispensable que jamais !
Hélas ce n'est pas tout : le « plan
d'action » de la FGTB avec des actions locales et des manifestations
sans perspectives est encore bien trop faible ne serait-ce que pour
bloquer les mesures d'austérité et risque ainsi de provoquer la
démoralisation. Et du côté de la CSC c'est encore pis dans l'ensemble.
Les beaux discours dans la presse
syndicale n'y changeront rien. La bourgeoisie utilise le PS, le sp.a et
dans leur sillage les directions syndicales comme amortisseurs de la
souffrance et de la colère des travailleurs. C'est un beau jeu de dupes.
Faire semblant de lutter pour ne pas mettre en danger le gouvernement,
ça suffit ! Cette politique favorise le sauve-qui peut, le replis
égoïste sur soi qui menace le syndicalisme d'une débâcle funeste. Nous
avons un besoin urgent d'un vrai plan d'action débattu et élaboré de la
base au sommet. Sans quoi , la lutte des classes, au vu de la violence
des 1% qui nous dominent ressemblera à une corrida, avec le capital
dans le rôle du matador.
Une alternative politique pour le monde du travail
Pour vaincre il est essentiel de se
dresser sur deux jambes: la lutte sociale et l'alternative politique. En
Grèce, une vingtaine de journées de grèves interprofessionnelles, des
manifestations massives de rue, des occupations d'entreprises n'ont pas
suffi, notamment parce qu'il n'y a pas eu d'articulation entre le
mouvement social et une alternative politique anticapitaliste.
Le défit est de regrouper, autour d'une alternative politique de
classe contre le capitalisme, les forces de toutes celles et ceux qui
luttent au quotidien contre ce système. Forger un outil politique
augmentant la force de frappe des revendications sociales, et amenant
aux luttes une perspective politique permettant de reprendre confiance.
Alors que le paysage politique est durablement déstabilisé par
l'austérité dans de nombreux pays d'Europe, aucune force politique en
Belgique, pas même le PTB, ne peut actuellement répondre à de telles
exigences.
En Flandre des voix s'élèvent dans le
Mouvement Ouvrier Chrétien (ACW) pour rompre avec le CD&V mouillé
jusqu'au cou dans la crise bancaire et l'austérité néolibérale, Du côté
francophone, l'appel du 1er Mai 2012 de la FGTB de Charleroi pour une
nouvelle force politique anticapitaliste à gauche du PS et d’Écolo, a
projeté la question sur la place publique et on en discute dans des
assemblées de travailleurs et de délégués. A la Centrale Nationale des
Employés (CSC) aussi on en discute . Un comité de soutien unitaire de la
gauche, avec notamment le PTB, la LCR, le PC, le PSL, le Mouvement de
Gauche et d'autre a vu le jour début 2013. Le projet est de soutenir
l'émergence d'une telle force tout en préservant l'indépendance
syndicale. Un meeting historique convoqué en front commun FGTB-CNE s'est
tenu à Charleroi le 27 avril, avec le soutien de toutes les
organisations de gauche.
Un débat démocratique sur la stratégie syndicale
Dans la mesure où les dirigeants
syndicaux actuels nous conduisent à l'impasse, il faut un large débat
démocratique au sein de la FGTB et de la CSC Un débat qui débouche sur
des congrès extraordinaires d'orientation permettant d'organiser
valablement la résistance sociale.
Il est impératif que les organisations
syndicales changent de cours de toute urgence afin de défendre les
intérêts de tous les travailleurs. Sans résistance sociale acharnée,
une alternative politique de gauche n'a aucune chance. Sans alternative
politique de gauche, les syndicats resteront prisonniers de la politique
du « moindre mal» et du PS. La victime des contre-réformes sociales
sera incontestablement toute la population laborieuse : hommes et
femmes avec ou sans emploi, jeunes, chômeurs, pensionnés, malades , etc.
Les travailleurs en lutte pour leur
emploi, les militants syndicaux combatifs et les mouvements sociaux
militants en dehors des syndicats, ont tout intérêt à se coordonner et à
mettre sur pied une stratégie pour gagner, sans attendre les directives
"d'en haut" qui ne viendront sans doute pas. Dans nos centrales
syndicales défendons une orientation interprofessionnelle de combat.
La bataille sur le terrain social et politique est étroitement liée, le
renforcement de la résistance sociale est un élément important pour la
création d'un bloc de mouvements sociaux et politiques de gauche capable
de faire capoter les mesures d'austérité,
Il n'existe pour le moment en Belgique
pas de formule de coalition gouvernementale en mesure de défendre les
intérêts de la population laborieuse et capable d'organiser la
résistance. Si nous ne mettons pas, par la lutte, les questions sociales
à l'ordre du jour, si nous sommes vaincus sans résistance, si nous ne
réussissons pas à court terme de construire une alternative politique
et sociale, on est foutu. Et cela ouvrira la voie à la N-VA et au MR
pour un nouveau train de mesures anti-sociales encore plus dures que ce
que nous subissons aujourd'hui. Il en va du maintien d'une série de
réalisations historiques du mouvement ouvrier dans ce pays: la sécurité
sociale, l'index, la place des syndicats, les conventions collectives.
Tout cela risque d'être remis en cause par les ultras du patronat dont
la N-VA ne représente que la partie visible de l'iceberg. Prenons notre
avenir en mains ! Dressons-nous et luttons debout sur nos deux jambes :
la résistance sociale et une alternative politique anticapitaliste.
Oser lutter, oser pour gagner!
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