Par
Quel est le point commun entre la
volonté de GDF Suez de relancer les centrales nucléaires de Doel 2 et de
Tihange 3, d’une part, et les fermetures d’Arcelor Mittal, de Ford Genk
et de Caterpillar Gosselies, d’autre part ? L’impasse historique du
capitalisme. Aveuglé par la concurrence, obnubilé par l’appât du gain,
ce système absurde n’a plus rien d’autre à offrir à l’humanité que la
destruction sociale et écologique.
Alors que les richesses accumulées
seraient plus que suffisantes pour assurer le « buen vivir » de toutes
et tous sur cette Terre, les patrons et les gouvernements à leur service
sèment le malheur des 99% en tronçonnant les salaires, l’emploi et la
protection sociale. Alors que les connaissances scientifiques et
techniques permettraient de léguer un environnement de qualité à nos
enfants, la course au profit empoisonne l’eau, l’air et les sols tout en
provoquant une catastrophe climatique irréversible, aux conséquences
sociales incalculables.

Vingt-quatre millions de chômeurs et de
chômeuses dans l’Union Européenne, et ce n’est pas fini. Que faire ?
Premièrement, résister et s’organiser pour la résistance la plus
massive, opiniâtre et déterminée possible. Le temps du syndicalisme
bureaucratique est définitivement révolu.
Les actions presse-bouton et
les promenades Nord-Midi, ça suffit. L’heure de la bataille a sonné.
Face à la brutalité des patrons voyous et à la perfidie des politiciens,
il n’est d’autre solution que de renouer avec les meilleures traditions
des luttes pour l’émancipation : la participation de toutes et tous au
combat par la démocratie la plus large, l’occupation des entreprises,
l’élection de comités de grève. La concertation est morte, place à la
lutte de classe !
Deuxièmement, élaborer un programme à
la hauteur des enjeux. Une fiscalité juste, l’annulation de la dette
illégitime et la réduction radicale du temps de travail sans perte de
salaire et avec embauche sont des éléments clé. Mais il faut aller plus
loin et, là aussi, l’histoire nous livre ses enseignements. Dans les
années cinquante du siècle passé, sentant venir la crise du charbon et
de l’acier provoquée par le parasitisme des holdings, la gauche de la
FGTB proposait un programme de réformes de structures anticapitalistes
dont la clé de voûte était la nationalisation sous contrôle ouvrier et
sans rachat des secteurs de l’énergie et de la finance. Quoiqu’adopté en
congrès et porté dans la rue par la grève générale de l’hiver 60, ce
programme a ensuite été rangé au rayon des accessoires. Un demi-siècle
plus tard, on paie cher cet abandon. Mais ce programme existe toujours.
Sortons-le des tiroirs ! Inspirons-nous en pour jeter les bases d’une
politique alternative et tracer un chemin vers l’abolition du
capitalisme.
Evidemment, le monde a bien changé. Il y
a la mondialisation du capital, l’Union Européenne et… la crise
écologique. Ces changements majeurs sont source de désarroi. En
particulier, face à la destruction de l’emploi, nombreux sont les
syndicalistes qui croient pouvoir remettre la défense de l’environnement
à plus tard. Ils ont doublement tort. D’abord parce que les pauvres
sont les premières victimes du massacre de la planète. Ensuite parce que
la réponse au saccage capitaliste est un élément décisif de
l’alternative.
Eviter des catastrophes écologiques
implique de réaliser dans l’urgence une gigantesque mutation vers une
économie sans carbone fossile ni énergie nucléaire. Il s’agit d’isoler
tout le parc immobilier, de généraliser des transports publics gratuits
et de qualité, de bâtir un nouveau système énergétique décentralisé et
100% renouvelable, de sortir de l’agrobusiness… Le marché ne le fera
pas, ou trop peu et trop tard, et à coups d’injustices supplémentaires.
Le défi ne peut être relevé que par un plan public européen mobilisant
au service de la collectivité les richesses volées par le capital.
Certes, ce plan implique de sortir du tout automobile, de réduire la
production matérielle et les transports. Mais, pour le mettre en œuvre,
on a besoin d’industrie et d’ouvriers, de verre et d’acier, d’engins et
de machines, d’ingénieurs et d’employés !
Voilà le constat sur base duquel la
gauche syndicale d’aujourd’hui devrait élaborer un programme
écosocialiste d’ensemble, cohérent, et dont la formidable légitimité
sociale lui permettra de gagner l’hégémonie. Les obstacles sont
formidables. Les affronter jusqu’au bout requerra notamment de forger un
nouvel instrument politique. Mais il n’y a tout simplement pas d’autre
voie.
Daniel Tanuro
Daniel Tanuro
publié sur www.lcr-lagauche.be
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Expimez-vous, vous aussi faites entendre votre opinion!