Nous
étions 40 000, de Flandre, de Wallonie et de Bruxelles. Cette fois, on
ne peut pas parler d’une mobilisation à plusieurs vitesses: la FGTB et
la CSC avaient bien mobilisé et les trains de Bruges et de Hasselt
étaient aussi pleins que ceux de Charleroi ou de Liège. Tôt dans la
matinée, différentes centrales syndicales avaient fait le tour des
fédérations patronales de leur secteur, mené des actions à la Bourse,
etc. Ce fut ensuite la manifestation, massive, avec tout de même un
petit détour par rapport au parcours habituel. Dans beaucoup de villes,
les transports en commun ont en outre fait grève.
A Gand, plusieurs crèches de la ville étaient fermées également. Les
ouvriers et les employés de Ford étaient massivement présents, de même
que ceux d’Arcelor-Mittal et les sous-traitants. Ensemble, ils ont pris
la tête de la manifestation, et à juste titre.
La
question clé est évidemment: que faire maintenant? Quelques heures à
peine après la manifestation, le kerncabinet annonçait qu’il n’était en
tout cas pas question d’assouplir si peu que ce soit la norme salariale,
alors qu’une sérieuse adaptation de celle-ci, voire une suppression
était une des revendications principales de la plupart des manifestants.
I lest permi de douter que le gouvernement ait l’intention de faire la
moindre concession aux autres revendications du front commun syndical.
Non,
c’est clair: si nous voulons imposer nos revendications, mettre le cap
sur une autre politique, une politique sociale, nous ne poiuvons compter
que sur notre propre action, massive et persévérante.
Renforcer la résistance sociale
Nous
avons besoin d’un plan d’action clair, autour de revendications qui ne
se limitent pas à arrondir les angles les plus teranchants de la
régression sociale. Nous avons besoin de grèves régionales tournantes
par province, avec manifestations régionales, en préparation d’une grève
nationale si nécessaire. Osons lutter, osons lutter pour gagner!
Contruire la résistance politique
A
l’heure qu’il est, le mouvement syndical n’a tout simplement plus aucun
ami dans le gouvernement. Qui fera croire que Johan Vande Lanotte va
protéger l’index? Que Monica De Coninck va défendre les intérêts des
chômeuses et des chômeurs? Que Bogaert va se ranger soudainement aux
côtés des fonctionnaires fédéraux? Qui croit encore que Di Rupo et
Onkelinkx représentent un “moindre mal”? N’est-il pas évident qu’ils
préparent un mal plus grande encore? La FGTB et la CSC doivent
rapidement et clairement rompre avec ces faus “amis” qui les bombardent
et les agressent sans répit.
Le
mouvement ouvrier, dans toutes ses composantes, doit oser poser
lui-même ses propres revendications et les défendre. Les syndicalistes
doivent même aller plus loin: favoriser la formation d’une alternative
politique radicale, démocratique, sociale et pluraliste, comme la FGTB
de Charleroi et la CNE l’ont proposé. Et toutes les organisations
anticapitalistes devraient prendre leurs responsabilités pour que cette
alternative se concrétise, dans l’intérêt de tous les travailleurs, avec
ou sans emploi, hommes ou femmes, Belges ou d’origine étrangère. En
tant que plus grand parti de la gauche radicale, le PTB pourrait jouer
ici un rôle positif, s’il le voulait. Un an après l’appel du Premier Mai
de la FGTB de Charleroi-Sud Hainaut, il est temps de se mettre au
travail, tous ensemble.
Mener le débat stratégique
Il
n’est malheureusement que trop évident que cette conception reste
aujourd’hui très minoritaire dans le mouvement syndical. Une grande
partie des directions syndicales reste attachée à la concertation
sociale, bien que celle-ci ne signifie plus rien d’autre qu’une
succession de concessions faites au patronat et à son gouvernement.
Certains dirigeants syndicaux veulent transformer le syndicat en
organisation de service et voient l’action de masse solidaire comme une
reliquat du passé. Certains autres veulent bien mobiliser, mais avec un
pied sur le frein, histoire de ne pas gêner les “amis politiques” au
gouvernement. Des divergences qui ne sont pas discutées à fond, des
problèmes qui ne sont pas résolus: dans les syndicats comme ailleurs
cela débouche sur la frustration et la démoralisation, dans l’appareil
mais aussi et surtout à la base, qui subit quotidiennement les
conséquences de la crise et des mesures d’austérité. Tout cela risque de
diminuer dramatiquement la capacité de résistance. Pour sortir de cette
voie sans issue, un vrai débat démocratique est nécessaire au sein du
mouvement syndical, dans le but d’élaborer une stratégie adaptée aux
énormes défis, d’organiser la résistance et de remporter des victoires.
C’est
pourquoi nous plaidons pour que les prochains congrès de la FGTB et de
la CSC soient transformés en congrès stratégiques, avec une large
participation de la base. Cette perspective devrait être défendue par la
gauche dans les syndicats, par tous les syndicalistes conscients qu’il
est moins cinq si nous ne voulons pas évoluer vers des situations à la
portugaise ou à l’espagnole.
Ensemble dans la résistance sociale, ensemble pour une alternative politique!
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